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Lous dus coumpays…

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Hommage à Justin Laban

              Nay, Lous Mouliérats, le 13 octobre 2018,

             Justin,       

            C’est bien la première fois que je vais m’adresser à toi en français, étant donné les exigences de notre société, car chaque fois que nous nous rencontrions, c’était la langue dont usa Notre-Dame pour Missionner Bernadette, qui nous venait aux lèvres. C’était notre langue, celle que nous avions reçue de notre mère, autrement dit, la langue de la complicité familiale et de l’amour.

            Justin, nous avons été des enfants de l’avant guerre et des adolescents de la guerre. Déjà l’action catholique m’avait mobilisé alors que tu entrais dans le séminaire ou tu appendrais la plus haute façon de servir Dieu. La guerre avait fait entrer le monde dans la technicité, et nous allions passer de l’usage de la faucille à la conquête des astres. Une pareille évolution n’allait pas sans problèmes, et l’Eglise allait devoir répondre à une société qui semblait confondre le progrès avec le rejet des commandements de Dieu.

            Nous fumes quelques-uns à réagir selon ce qu’allait dire Raïssa Maritain consciente de l’enjeu: « On a combattu la religion au nom de l’intelligence, c’est au nom de l’intelligence qu’il faut la défendre ». Et c’est à cela Justin que tu allais consacrer ta vie, en faisant entrer dans ton sacerdoce le souci de l’éducation des hommes, et ce furent des générations de jeunes ruraux qui allaient découvrir par toi que l’on ne peut pas séparer la création de son créateur, et  apprendre en quelque sorte d’agir dans le monde sans être du monde. Et comme par ton ascendance paysanne, tu savais que plus l’arbre est raciné profond, plus il peut monter haut vers le ciel, tu avais rejoint dans le Félibrige, l’école qui s’efforçait de garder ce qui avait fait la force et la joie de nos ancêtres.

            Nous étions quelques uns à nous souvenir de la promesse de Notre Seigneur qui,  avant de quitter ses apôtres, leur avait promis d’envoyer le Saint-Esprit, pour faire comprendre aux hommes, ce qu’à l’époque il n’avaient pu comprendre. Et l’esprit, c’est ce qui parle aux intelligences, qui se gardent de l’ambition… Et toi Justin, exceptionnellement favorisé par le verbe, tu allais faire de tes salles de classe des centres de réception à ce que vient nous dire l’esprit de vérité. Quantité de tes élèves sont là aujourd’hui pour te dire merci !

            Le don d’intelligence vient souvent avec cette vivacité de l’esprit qui a tendance à se révolter contre la bêtise, et tu avais cette vivacité d’Esprit. Aussi t’ais-je vu parfois piquer de ces colères qu’on dit saintes, et qui ressemblent à l’indignation de Notre Seigneur devant les marchants du Temple. Tu savais très vite te dominer, mais c’était sans rien céder a l’adversaire, et tu entrais ainsi dans la conduite qu’a conseillé le Saint Curé d’Ars : « Aimez vos ennemis, mais ne leur faites pas de compliments ! ».

            C’est ainsi qu’il faut combattre, et c’est ainsi que tu as combattu ! Le livre de JOB affirme : «  Il y a une guerre ordonnée aux mortels sur cette terre, et leurs jours sont comme les jours d’un mercenaire ». Toi, tu nous a donné l’impression que tu étais un mercenaire payé d’avance par cette ferveur joyeuse qui semblait te motiver ; par tes réparties qui te permettaient d’alléger les sujets graves et de susciter la bonne humeur ; dans la joie enfin que tu avais à officier, afin de faire descendre sur terre, le salut.

            Avec toi, je n’ai été éprouvé dans ma confiance qu’une seule fois. C’était après une attaque soudaine qui t’avait un instant terrassé au point que nous avions vraiment craint de te perdre. L’on t’avait cependant sauvé, mais tu m’avais paru terriblement diminué, figé dans des silences qui ne te ressemblaient pas, et comme  déjà absent de notre monde. Or c’était cette année le 5Oème anniversaire du Festival de Siros, ou avant le spectacle, une messe était devenue traditionnelle. Je fus littéralement atterré quand j’appris que c’était toi que l’on avait requis pour officier. Tel que je t’avais vu, je pouvais craindre le pire…

            Et ce fut une célébration extraordinaire. Tu avais retrouvé ton équilibre, la vivacité de ta diction, ta claire logique, ton extraordinaire mémoire, et ton homélie fut probablement celle exactement qu’il fallait prononcer dans ce haut-lieu. J’avais douté du Miracle et le miracle avait eu lieu. Je me souvins alors de cette parole d’un homme d’État israélien : « Celui qui ne croit pas au miracle n’est pas réaliste ! » et ce peut être plus exactement traduit par: Celui qui ne croit pas en Dieu n’est pas réaliste ! 

            Il n’est pas possible de résumer ton combat. Par l’écrit, par la parole, comme sur les ondes, comme par l’exemple tu nous paraissais infatigable.

            Jusqu’au bout Justin, avec nous et pour nous, tu es resté comme le demandait l’Apôtre, en tenue de service. Notre amitié est à la fois en peine de te voir partir alors que tu nous étais si précieux, mais nous avons assez de science pour savoir que les portes que tu viens de franchir, sont celles du Beau, du Bien et du Vrai .

           Et pour cela nos âmes sont pleines du Magnificat,

           A bientôt Justin et Adieu.

Alexis Arette Lendresse.

 

 

 

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